Angoulême
le 3 juillet 1944.
Bien chère famille.
Quand vous recevrez
cette lettre je ne serais plus de ce monde, ne vous en faîtes pas de trop,
car cela devait arriver, mon cas était trop grave, je meurs en bon Français,
comme beaucoup de camarades, j'aurais lutté pour une cause qui, j'espère
plus que jamais triomphera, car sûrement la guerre tire à sa fin.
Mais il est écrit que je ne reverrais plus les êtres qui me
sont chers, j'aurais à peine connu Michel et Danielle, parlez leur souvent
de moi et Zette j'espère suivra un bon chemin, pauvre grand'mère,
si elle était encore de ce monde quand vous recevrez cette lettre, elle
qui aura tant peiné pour nous élever, enfin c'était écrit,
je mourrai courageusement en ayant rien de mal à me reprocher.
Ecrivez à Marcel et Jean et à Mr R. de Pontivy car il a été
très chic avec moi, ainsi qu'à Jean CAMART (Côtes du Nord).
Je termine ma lettre d'adieu en embrassant toute la famille bien fort, je
penserais à vous jusqu'à la dernière minute.
Vive
le parti SFIC (1)
et la France.
Edmond
Bien chers
tous.
Je continue ma lettre d'adieu que je remets à un camarade
qui vous la remettra après la guerre, je remets les photos de Zette de
papa et de maman, ainsi que deux fleurs qu'une camarade m'a remis, j'espère
qu'Arsène reviendra sain et sauf à la maison et qu'il reprendra
la lutte à laquelle il était tant attaché avant, car c'est
une belle cause.
On est 5 camarades dans le même cas et on passe
aujourd'hui 3 juillet 1944 devant la cour martiale allemande, enfin cela devait
arriver.
Je termine ma lettre en vous
embrassant tous fort et adieu.
Edmond |