Lettre d'adieu d'Edmond LE MERRER
écrite de la maison d'arrêt d'Angoulème



Edmond LE MERRER

LE MERRER Edmond
Né le 28 août 1924 à Lannion (Côtes-du-Nord, Côtes-d'Armor), fusillé le 3 juillet 1944 à Angoulême (Charente), cuisinier, FTP, militant du Parti communiste clandestin.
Angoulême le 3 juillet 1944.

Bien chère famille.

Quand vous recevrez cette lettre je ne serais plus de ce monde, ne vous en faîtes pas de trop, car cela devait arriver, mon cas était trop grave, je meurs en bon Français, comme beaucoup de camarades, j'aurais lutté pour une cause qui, j'espère plus que jamais triomphera, car sûrement la guerre tire à sa fin.

Mais il est écrit que je ne reverrais plus les êtres qui me sont chers, j'aurais à peine connu Michel et Danielle, parlez leur souvent de moi et Zette j'espère suivra un bon chemin, pauvre grand'mère, si elle était encore de ce monde quand vous recevrez cette lettre, elle qui aura tant peiné pour nous élever, enfin c'était écrit, je mourrai courageusement en ayant rien de mal à me reprocher.

Ecrivez à Marcel et Jean et à Mr R. de Pontivy car il a été très chic avec moi, ainsi qu'à Jean CAMART (Côtes du Nord).

Je termine ma lettre d'adieu en embrassant toute la famille bien fort, je penserais à vous jusqu'à la dernière minute.

Vive le parti SFIC (1)
et la France.

Edmond


Bien chers tous.

Je continue ma lettre d'adieu que je remets à un camarade qui vous la remettra après la guerre, je remets les photos de Zette de papa et de maman, ainsi que deux fleurs qu'une camarade m'a remis, j'espère qu'Arsène reviendra sain et sauf à la maison et qu'il reprendra la lutte à laquelle il était tant attaché avant, car c'est une belle cause.

On est 5 camarades dans le même cas et on passe aujourd'hui 3 juillet 1944 devant la cour martiale allemande, enfin cela devait arriver.

Je termine ma lettre en vous embrassant tous fort et adieu.

Edmond
(1) S.F.I.C. : Section Française de l'Internationale Communiste